Plusieurs artistes et groupes internationaux remettent en question les tournées à l’extérieur de leur pays depuis 2-3 ans. Ils préfèrent travailler sur des albums plutôt que de partir sur la route. Pourquoi? Quelques raisons semblent expliquer cette situation.
Avez-vous remarqué que plusieurs artistes internationaux ne passent plus par le Québec depuis quelques mois ? Vous avez raison. Mais ce n’est pas un phénomène qui touche uniquement notre province ou même le Canada. C’est une situation qui s’étend à l’échelle mondiale.
Pourtant Live Nation a annoncé en mai dernier qu’elle avait déjà vendu plus de 100 millions de billets durant les 5 premiers mois de 2025. Elle a donc dépassé les 98 millions de billets vendus en 2019 – dernière année pré-pandémie – en quelques mois seulement.
Est-ce contradictoire avec le nombre d’artistes en tournée? Oui et non… C’est qu’une petite poignée d’artistes ‘’superstars’’ et de festivals qui réussissent à vendre plus de billets, alors que la grande majorité des autres groupes et événements peinent à remplir leurs salles et leurs sites.
Si Coldplay et Taylor Swift remplissent des stades à pleine capacité, Beyonce, System of a Down, Metallica et Kendrick Lamar ne réussissent pas toujours à combler les estrades de leur tournée. On parle ici des artistes les plus écoutés et suivis sur la planète qui performent parfois devant des rangées complètement vides, c’est quelque chose!
Du côté des festivals, on dénombre déjà près de 50 festivals d’envergure annulés depuis le début de l’année aux États-Unis.
Au Québec, quelques événements ont également dû mettre la hache sur leur édition 2025. Si vous êtes abonnés au mailing list de 99scenes, vous savez déjà que l’état des festivals n’est pas bon et que certains événements pourraient disparaître dans un horizon de 12-24 mois.
Voici les 4 principales raisons qui font que de moins en moins d’artistes partent en tournée en 2025 selon l’étude de How Music Chart et Chartmetric :
Les restrictions américaines
Une des raisons qui explique que moins d’artistes partent en tournée réside dans les récentes restrictions aux frontières américaines. L’augmentation des visas pour les artistes étrangers et l’incertitude d’entrer au pays en passant par les douanes en effraient plus d’un. Et ça vaut autant pour les artistes que pour les fans d’autres pays qui voudraient aller voir leurs spectacles en sol états-unien. Le marché américain est un incontournable pour les grandes tournées. Imaginez un groupe qui planifie plusieurs spectacles, puis se fait refuser l’entrée pour des raisons aussi banales qu’un ancien post sur les réseaux sociaux critiquant le pays de Donald Trump. Cela engendrerait des pertes financières incroyables.
Maigre marge de profit, lorsqu’il y en a
Ensuite, il y a la marge de profit des tournées qui semble de plus en plus mince. Avec l’augmentation drastique des dépenses depuis la pandémie de la COVID-19, la différence entre une tournée rentable ou non est devenue très petite. Les groupes évaluent donc plus attentivement les projections et une grande majorité arrive au même constat : la tournée est déficitaire.
Les coûts de transport, d’hébergement, de location d’équipements et d’embauche de techniciens ont tous connu une forte hausse depuis 2020.
Cela explique probablement le déclin des tournées d’artistes entre 2022 et 2024. Selon ‘’How Music Chart’’, le nombre de superstars en tournée a reculé de 44% à 36% en deux ans. Puis pour les artistes de moyenne envergure, ce chiffre a baissé de 19% à 12% l’an passé.
Baisse de vente de billets
Autre constat en 2025 : le ‘’dollar divertissement’’ est devenu beaucoup plus précieux depuis la relance de 2022-2023, alors que les amateurs n’attendaient que de revoir leurs artistes en tournée après la pandémie.
Avec l’inflation et l’augmentation du prix des billets, on ressent une diminution dans la consommation de l’art en général, mais aussi dans les sorties. Ainsi, plutôt que d’acheter des billets pour 3-4 spectacles durant la saison estivale, des gens vont se concentrer sur 1-2 événements qu’ils vont choisir plus minutieusement selon leurs goûts.
Les petits artistes survivent financièrement avec la vente de billets et de marchandises, alors que les salles de spectacles font leur profit au bar. Depuis la pandémie de 2019, les jeunes ne semblent plus autant intéressés à sortir voir des spectacles que les générations précédentes. Puis les fidèles amateurs de musique qui sortent encourager des artistes ne consomment plus autant de breuvages alcoolisés, ce qui impacte les profits des salles. Car il n’y a pas que le prix des billets qui a gonflé depuis plusieurs mois, celui des consommations et de la marchandise aussi! Beaucoup de jeunes, qui ont atteint l’âge légal de sortir en bar et de consommer depuis la pandémie vont ainsi préférer d’autres divertissements plus abordables comme les soirées entre amis à la maison et les pateformes de visionnement plutôt que de sortir.
Un milieu appelé à s’adapter
Le milieu du divertissement mondial doit donc s’adapter à cette nouvelle réalité économique plus restreignante.
C’est là que Live Nation vient innover pour trouver des façons de rentabiliser les tournées moins fréquentes et les festivals. Une fois que les artistes ont atteint le cachet qui leur est garanti, c’est à la compagnie de promotion de tirer son épingle du jeu pour réaliser des profits. Avec des initiatives comme sa promotion annuelle de billets à 30$ et des offres spéciales occasionnelles, Live Nation réussi à vendre beaucoup de billets et parfois à remplir les spectacles qui ne vendent pas bien. N’oublions pas qu’elle possède des centaines de salles de spectacles et stationnements tout en ayant des ententes avec des salles ne lui appartenant pas, ce qui lui permet de retirer une part des profits sur la vente d’alcool, de nourriture et de marchandise.
En terminant, il est évident que les prochains mois seront plus difficiles pour les artistes et les festivals. Pour les soutenir, allez donc voir des artistes émergents dans votre salle de spectacle de quartier. Encouragez la culture et vos événements municipaux un soir de semaine, alors que les ventes trainent souvent de la patte.
Pendant ce temps, le FEQ dévoile les détails de son immense budget 2025.
[Via How Music Chart – Chartmetric]