La majorité des femmes qui œuvrent dans l’industrie musicale se sentent dévalorisées.
La Fondation Musicaction a publié mardi une nouvelle étude sur les femmes dans l’industrie musicale canadienne francophone. Celle-ci dresse un portrait plutôt sombre de la réalité des femmes dans une industrie qui semble encore favoriser les hommes.
Dirigée par Joëlle Bissonnette, qui est professeure au Département de management de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, l’étude se base sur le témoignage de 600 femmes qui travaillent dans l’industrie musicale. Ces femmes représentent tous les corps de métier de l’industrie, des artistes interprètes aux éclairagistes en passant par les musiciennes, les ingénieures de son, les réalisatrices et les directrices artistiques. De plus, 89 % des répondantes résidaient au Québec.
Le principal constat de l’étude est que la majorité des répondantes estiment que leur travail est dévalorisé par rapport à celui des hommes. 67 % d’entre elles expriment “ressentir souvent ou toujours le devoir de se prouver davantage en raison de leur genre lorsque questionnées à propos de leur sentiment de discrimination.”
Autre révélation extrêmement troublante, plus que 50 % des femmes disent avoir subi du harcèlement psychologique ou sexuel au travail. Se basant sur des groupes de discussion, l’étude révèle que les femmes les plus touchées par le harcèlement sont les artistes interprètes.
En entrevue avec Le Devoir, Joëlle Bissonnette raconte : “Je pense qu’il était temps qu’on donne une voix aux femmes, qui avaient envie de s’exprimer sur le sujet. Elles avaient un réel besoin de raconter leur réalité pour soulever des manières de mieux les aider dans le développement de leur carrière.” Elle poursuit en disant : “En priorité, il faut continuer à sensibiliser l’industrie musicale à toutes les formes d’exclusion et de harcèlement.”
La représentation de la musique des femmes dans les médias et les festivals
Dans les dernières années, plusieurs enquêtes journalistiques indépendantes ont rapporté que la musique interprétée, écrite, composée et produite par des femmes était sous-représentée sur les ondes radio et dans les festivals de musique.
Selon ces enquêtes, cet écart serait particulièrement marqué pour la musique des femmes œuvrant dans certains styles musicaux, comme le jazz et le country. Cette sous-représentation peut s’accompagner de revenus plus faibles, ce qui est susceptible de menacer la durabilité des carrières des femmes.
Dans l’actualité québécoise récente, le festival Festi-Plage de Cap d’Espoir a justement offensé plusieurs personnes en annonçant une programmation 100 % masculine pour son édition 2022.
Suite à cette annonce, le populaire chanteur folk Émile Bilodeau, l’une des têtes d’affiche du festival, s’est retiré de l’événement et de nombreuses autres personnes de l’industrie musicale ont critiqué la programmation entièrement masculine du festival qui aura lieu à Cap-D’Espoir en juillet prochain.
L’étude Les femmes dans l’industrie musicale canadienne francophone en chiffres
– 69 % estiment avoir subi du harcèlement psychologique
– 56 % disent avoir été victimes de harcèlement sexuel
– 12 % rapportent avoir subi des gestes qu’elles qualifient de harcèlement criminel
– 66 % des répondantes ne savent pas où se tourner pour obtenir de l’aide en cas de harcèlement
– 48 % se disent moins avancées que ce qu’elles auraient espéré à cette étape de leur carrière
– 89 % des mères d’enfants à charge disent vivre des difficultés en matière de conciliation travail-famille
– 69 % estiment subir du harcèlement discriminatoire
– 60 % disent avoir déjà songé à abandonner leur carrière dans l’industrie musicale
Si ça vous intéresse, vous pouvez consulter l’étude complète ici.
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Pendant ce temps, Machine Gun Kelly fait des commentaires controversés sur les femmes noires dans une vieille entrevue qui refait surface.
[Via Le Devoir et Fondation Musicaction]