Suivant les traces du Royaume-Uni, le Québec allait proposer prochainement un projet de loi afin de mieux baliser les sites de revente selon le Journal de Montréal. Par ce projet de loi, le gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) exigerait plus de transparence aux plateformes qui revendent des billets de spectacles, d’événements sportifs ou culturels, d’expositions, ou pour tout autre divertissement.
Sans aller jusqu’à interdire la revente, le projet de loi imposerait aux sites de mieux s’identifier comme plateformes de revente afin de ne pas induire les consommateurs en erreur, pensant qu’ils sont sur la plateforme de vente officielle. En effet, plusieurs sites de revente imitent ceux des fournisseurs officiels et même ceux des artistes ce qui trompe les acheteurs.
”De nombreux sites de revente utilisent la photo officielle de l’artiste ou reproduisent l’apparence d’une salle de spectacles sur leur site web. C’est très bien fait et cela donne l’impression aux gens qu’ils sont sur le site officie”, déplore le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette
Pour remédier à cela, le projet de loi du gouvernement exigerait que ”les consommateurs sachent clairement qu’ils se trouvent sur une plateforme de revente et qu’ils puissent vérifier la disponibilité des billets au prix régulier sur le site officiel”, explique Simon Jolin-Barrette.
Il sera intéressant de voir quel impact aura ce projet de loi sur les plateformes de revente s’il est adopté. On sait que le site Billets.ca et son PDG sont présentement en procès puisque poursuivis par l’Office de la protection du consommateur (OPC) après avoir reçu plus d’une vingtaine de constats d’infraction l’an dernier pour des pratiques jugées interdites.
Revente entre particuliers pas touchée par le projet de loi
Le projet de loi québécois n’irait pas aussi loin que celui du Royaume-Uni qui interdirait la revente à un prix supérieur à la valeur nominale tant pour les sites de revente que pour les particuliers. Il n’interdirait pas la revente, mais l’encadrerait mieux. C’est donc un pas dans la bonne direction pour les consommateurs de culture et de divertissement du Québec.
Le ministre de la culture souhaite s’attaquer aux méthodes ”malhonnêtes” de quelques sites de revente qu’il qualifie même de ”parasites culturels”. Selon lui, ”les sites de revente qui n’ont pas d’entente avec les producteurs autorisés profitent du travail des artistes”
Son gouvernement ne compte cependant pas s’ingérer dans les transactions entre 2 particuliers, qui, elles, ne sont pas encadrées de la même façon que celles entre commerçants et consommateurs par la loi actuelle de l’Office de la protection du consommateur (OPC). Les vendeurs qui affichent des billets sur les sites de revente, sur Marketplace ou sur les groupes Facebook ne seraient donc pas touchés.
M. Jolin-Barrette cible spécifiquement les compagnies qui ”font du profit sur le dos des artistes et des producteurs”.
Il rappelle toutefois que la loi québécoise interdit déjà la revente dans un but commercial, à moins d’avoir une autorisation du producteur.
Moins de profit, plus de culture
C’est la députée Kariane Bourassa qui avait reçu, en décembre 2023, le mandat de faire le portrait de la revente de billets dans la province. Des revendeurs affichaient alors des billets à prix exorbitants pour la cérémonie d’hommage au chanteur des Cowboys Fringants, qui étaient initialement gratuits. Cet incident fut la goutte qui avait fait déborder le vase et déclencher une telle enquête du milieu de la revente.
Rappelons que depuis quelques années, plusieurs personnes s’achètent également des passes pour le convoité Festival d’été de Québec et d’autres festivals afin de les revendre à profit, ce qui génère la grogne des nombreux amateurs de musique qui ne réussissent pas à s’en procurer.
Les spectacles en salle ne sont pas épargnés par cette pratique. On a observé le phénomène de la revente déraisonnable récemment pour les tournées de stars internationales qui seront de passage au Québec dont Lady Gaga et Ariana Grande.
L’artiste Olivia Dean a même réussi à convaincre Ticketmaster de rembourser la différence de prix à ses fans qui avaient acheté des billets en revente sur sa plateforme pour son spectacle à Montréal et à plafonner le prix de revente au prix nominal, une première ici.
Au final, si les consommateurs payent le prix nominal pour un spectacle plutôt qu’un prix gonflé en revente, cela impactera moins leur budget culturel. Ils pourraient donc assister à plus d’événements et encourager davantage la culture, ce qui serait une bonne chose pour tout le monde. Tant pour les consommateurs, les salles de spectacle, les artistes et le gouvernement.
Bref, tout n’est pas encore parfait dans l’industrie du divertissement, mais on sent enfin que les autorités, les producteurs et les artistes se mobilisent dans l’intérêt des consommateurs et on peut espérer des améliorations dans un avenir pas si lointain.
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Pendant ce temps, Ticketmaster va rembourser pour la première fois les fans qui ont acheté les billets en revente de cette tournée.
[Via le Journal de Montréal]


