Maintenant avec internet, les réseaux sociaux, les cellulaires, les tablettes et tout le tralala, il n’a jamais été aussi simple d’être en contact constant avec les gens. Pourtant, les gens n’ont jamais été aussi seuls. Voici le portait de ce «mal du siècle» à travers Maudlin Strangers .
Découverte musicale #25 : Maudlin Strangers
Il y a 212 ans, Chateaubriand écrivait René, ce texte où il évoque la «vague des passions», nommée aussi «mal du siècle» :
«On m’accuse d’avoir des goûts inconstants, de ne pouvoir jouir longtemps de la même chimère, d’être la proie d’une imagination qui se hâte d’arriver au fond de mes plaisirs, comme si elle était accablée de leur durée; on m’accuse de passer toujours le but que je puis atteindre: hélas! je cherche seulement un bien inconnu, dont l’instinct me poursuit. L’imagination est riche, abondante et merveilleuse, l’existence pauvre, sèche, désenchantée. On habite avec un cœur plein dans un monde vide.»
À la fin du dix-huitième siècle, les artistes du mouvement romantique décrivaient ce fameux mal du siècle par la disproportion qui existait entre leurs rêves, leurs aspirations et leurs ambitions infinies, versus leur vie trop imparfaite pour satisfaire cette soif de passion.
Docteur, je crois que je suis atteinte de ce mal du siècle.
Toujours vouloir plus, ne jamais être contenté, vouloir que tout avance vite, toucher à tout, vouloir tout voir, connaître, savoir… Voilà mes symptômes.
La différence entre le mal de Chateaubriand et le mien, c’est que ces symptômes ne rendent pas la vie imparfaite, dans la mesure où je crois que tout est possible.
Je vois davantage la vie comme un scénario de film que chacun réalise à sa manière. Le seul hic c’est qu’on ne peut diriger qu’un seul personnage. Le notre.
Pour moi, c’est un peu ça le mal du siècle…
Par exemple, on rêve de trouver cette personne parfaite avec qui partager sa vie. Cette personne qui sera inspirante, attirante, drôle, intelligente, créative, audacieuse, curieuse, cérébrale, romantique, passionnée…
On rêve que cette personne, une fois trouvée, nous aime aussi de la même manière. Que cette personne nous aime autant. Pas plus ni moins. (possible?) Et enfin que notre relation soit toujours palpitante….impossible!
Pourtant, les gens, la planète et l’univers au grand complet n’ont jamais été aussi proches et accessibles. Jamais les humains n’ont eu autant d’outils et d’opportunités pour bâtir, savoir, réaliser, innover, se rencontrer et être connectés.
Paradoxalement, c’est ça le problème. Il y a trop de possibilités. À la moindre embûche, au moindre ennui, au moindre petit défaut, à la moindre interrogation, au suivant!
Quand j’ai entendu la musique de Maudlin Strangers pour la première fois, je me suis dit que cet artiste était l’incarnation même du mal du siècle. (et aussi, que ces chansons se fonderaient très bien dans mon scénario)…
maud·lin/ˈmôdlin/
Adjective:
foolishly tearful or sentimental, often through drunkenness.
Jake Hays, de son vrai nom, écrit réalise et produit seul sa musique, au grand complet, dans sa chambre d’Agoura Hills, en Californie.
Il est aussi le fils de Cherie Currie (chanteuse du groupe Runaways) et de l’acteur Robert Hays. Ce petit je ne sais quoi très «film» dans sa musique ne vient définitivement pas de nulle part…
Alors docteur, on guérit ça comment le mal du siècle?
D’ici là, je continuerai de dormir avec ma tablette…
La page Facebook de Maudlin Strangers
Ça vous plait? Surveillez, tous les lundis, ma chronique découverte sur scenes.staging.wpengine.com
Vous en voulez plus ?
@mariereneeg sur hypem/twitter/instagram/pinterest