Entrevue avec Alex Martel du Rockfest // Gros changements pour 2018, baisse de prix des billets et rumeurs

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Le Rockfest a tenu sa 12e édition en juin dernier. Le festival de Montebello a attiré des milliers de fans ainsi que des artistes comme Rammstein, Queens Of The Stone Age, Alexisonfire, Good Charlotte.

Le 99scenes s’est entretenu avec Alex Martel, le fondateur et directeur du festival, concernant le bilan du Rockfest 2017, les changements à venir pour 2018 ainsi que les (déjà) nombreuses rumeurs.

On peut y apprendre plusieurs choses intéressantes. Voici quelques points en rafale :

-le Rockfest deviendra un festival de 3 jours avec des groupes internationaux sur la scène principale dès le jeudi soir. Plus de détails ici.

-Il y aura aussi moins de groupes, mais chacun d’entre eux aura plus de temps pour jouer.

-Il n’y aura plus de groupes hommages, autant dans le style humoristique (Normand L’Amour, Jérémy Gabriel, etc.) que de groupes sérieux (Minor Threat, Blood For Blood, etc.).

-Le prix des billets baissera en 2018, chose très rare pour un festival.

Entrevue Alex Martel 2017

99scenes : Quel bilan dresses-tu du Rockfest 2017?

Alex Martel : Je crois qu’on a relevé beaucoup de défis cette année, surtout au niveau de la production avec la venue de Rammstein. Dans notre style de musique, c’est de loin le band le plus exigeant au niveau technique, accueil, logistique, etc., il n’y a rien de plus difficile qu’eux. C’était carrément l’organisation d’un festival à l’intérieur du festival. Le fait d’avoir relevé le défi et que le band a adoré sa présence au Rockfest a prouvé à tous les agents et gérants le sérieux et la crédibilité du festival, après 12 ans de travail. Sinon, avec la météo moins clémente, cette édition ne fut pas reposante pour l’ensemble de nos équipes, mais on a survécu!

Quels ont été tes 3 meilleurs coups selon toi cette année?

À part Rammstein, je dirais Good Charlotte qui a attiré une foule monstre pendant le jour. J’ai bien fait de persister pendant des années pour avoir leur premier spectacle de retour au Québec en 10 ans. Le fait d’avoir eu Alexisonfire pour leur seul festival de l’année, 7 ans après leur dernier passage au Rockfest, était aussi magique. Finalement, avoir le premier festival de Queens of the Stone Age au monde après 3 ans d’absence a définitivement ouvert des portes au niveau de certains agents et gérants, qui veulent maintenant nous envoyer leurs autres bands.

L’année 2017 a semblé être une année difficile pour la majorité des festivals au Québec, pourquoi selon toi?

Effectivement, 2017 fut difficile pour tout le monde. Osheaga n’était pas sold out, Wayhome en Ontario était vide et est annulé pour 2018, Pemberton en Colombie-Britannique a fait faillite, le FEQ n’a pas eu à fermer les Plaines un seul soir, Metallica a attiré énormément moins de monde à Montréal que lors de ses deux derniers passages au Parc Jean-Drapeau, etc. Ce fut financièrement difficile pour tout le monde et le Rockfest n’y échappe pas malgré notre popularité. Les gens pensent souvent que les festivals roulent sur l’or, alors que la réalité est tout à fait l’inverse. Je crois que le problème est qu’il y a eu beaucoup trop d’offres cette année par rapport à la demande. Il y a trop de festivals et trop de spectacles en salles, les gens sont forcés à faire des choix déchirants. La mauvaise température et l’hiver interminable n’ont pas aidé non plus. Mais je reste optimiste quant à 2018!

À ce propos, qu’as-tu pensé d’Evenko qui a créé le festival ’77 Montréal avec Rancid et Dropkick Murphys?

Je lève sincèrement mon chapeau à l’équipe marketing d’Evenko qui a réussi à faire passer un événement organisé par une méga corporation pour un événement ‘underground punk’; certains y ont cru et n’ont vu que du feu.

On se tourne déjà du côté de 2018. Es-tu déjà avancé dans le booking de la programmation du Rockfest 2018?

Ça avance bien, mais c’est encore très tôt dans le processus!

Concernant la programmation 2018, tu as semblé affirmer que Rancid serait au Rockfest 2018. Tu as aussi voyagé un peu partout dans le monde pendant l’été pour voir des groupes comme Nine Inch Nails, Foo Fighters et Green Day, peut-on s’attendre à voir l’un de ces groupes à la prochaine édition?

Tout est possible, mais il faudra attendre aux annonces officielles avant de confirmer des bands!

Tu as parlé que les dates du Rockfest pourraient changer en 2018. Avez-vous arrêté les nouvelles dates?

Les dates de 2018 seront annoncées bientôt. Il faut comprendre que le Rockfest est tout seul en juin face à une série de dizaines de festivals européens qui bougent légèrement leurs dates au fil des ans. Pour attirer les bands, c’est souvent 1 offre du Rockfest versus 15 offres de festivals européens, donc on doit prendre le temps chaque année d’évaluer les dates qui nous permettront d’avoir la meilleure programmation possible avec ces paramètres difficiles.

Tu sembles avoir mentionné que la formule du Rockfest changera en 2018. Peux-tu en dire plus?

J’ai l’intention de réduire le nombre de groupes et que chacun puisse jouer plus longtemps. J’ai toujours eu tendance à en mettre trop, à vouloir gaver les festivaliers avec un marathon de fou. Mais en écoutant les festivaliers, je réalise que la grande majorité préfère en avoir moins et avoir des sets plus longs, alors c’est dans cette direction que je m’enligne. La réalité est aussi que les 10-20 plus gros bands (sur 130) sont ceux qui attirent 90% des festivaliers. L’idée est que chaque band compte vraiment, que ce soit uniquement la crème de la crème dans le punk, le métal, etc. Il n’y aura plus de bands hommages non plus; j’aimais le concept de créer des hommages soit pour des bands rares qui n’existent plus comme Blood For Blood ou Minor Threat, soit pour des trucs drôles comme Normand L’Amour, mais je crois qu’on a fait le tour de ce concept. Même si le Rockfest devient inévitablement un gros party, je veux aussi que le focus revienne sur la musique. Je n’ai donc pas l’intention de refaire des niaiseries comme Jeremy en version métal, je crois qu’on doit revenir un peu aux sources.

Y a-t-il d’autres changements à prévoir pour 2018?

J’ai l’intention de baisser les prix des billets réguliers afin que ça revienne dans les eaux de l’édition 2014, qui était d’environ 140$ de mémoire. On va aussi faire une prévente early bird limitée à tarif réduit prochainement. L’idée est de revenir à un point où le Rockfest est accessible à tous et toutes, peu importe le budget. De l’autre côté, on va upgrader les différents forfaits VIP pour ceux avec plus de sous, car il y a une forte demande à ce niveau. Finalement, on va ouvrir le site au complet le jeudi soir avec des bands internationaux. Ce sera comme le vendredi et le samedi, mais ça va débuter en soirée plutôt qu’en avant-midi, un peu comme on l’a fait les dernières années.

Le Rockfest va présenter la projection au Canada du nouveau film-documentaire de Slipknot, Day of the Gusano, les 25 et 26 septembre prochains à Montréal et Ottawa. Quelle est ton implication dans ce projet?

Je connais l’équipe de Slipknot depuis longtemps car j’ai souvent essayé de les faire au Rockfest, mais le timing n’a pas fonctionné pour l’instant. J’étais avec eux au Knotfest en Californie, au Japon et au Mexique. Celui au Mexique il y a deux ans était le premier spectacle à vie du groupe dans ce pays et j’y étais. Le documentaire porte sur ce premier spectacle au Mexique. Ils ont d’ailleurs invité mon groupe, Deadly Apples, à jouer cette année au Knotfest Mexico, j’ai bien hâte.

Tu es revenu avec ton groupe Deadly Apples au Rockfest 2017 et vous avez également été annoncé au Knotfest à Mexico City et au Fronterizo Fest à Tijuana en octobre prochain. Prévoyez-vous faire d’autres concerts/tournée en 2018?

Ça devait seulement être une réunion d’un soir au Rockfest 2017, mais on a beaucoup d’offres depuis. On a décidé d’accepter les deux festivals au Mexique et peut-être qu’on ajoutera d’autres festivals ailleurs dans le monde, mais rien n’est prévu au Québec dans un futur rapproché. On a tous déjà du succès dans nos carrières respectives, alors on prend notre temps et on explore les différentes opportunités qui s’offrent à nous.

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Merci à Alex Martel pour sa disponibilité. Il présentera le documentaire sur le premier concert de Slipknot au Mexique les 25 et 26 septembre prochains à Montréal et Ottawa.

Aime la page de 99scenes pour ne rien manquer du Rockfest 2018.

[Crédit photo : MANNY]